Prompt Engineer

Pendant longtemps, on a associé les activités de la sphère cyber à un imaginaire futuriste – presque irréel. Avec l’explosion des technologies modernes et l’élargissement incessant des possibilités techniques, les prouesses de l’informatique apparaissent désormais comme une normalité ; les métiers cyber, qui hier encore semblaient hyper novateurs, ont à présent quelque chose de très classique. Il y a cependant encore matière à être surpris. Avec la montée en puissance de l’Intelligence Artificielle, de nouveaux métiers sont appelés à être créés. Loin de ce que l’on pourrait penser, la machine ne devrait pas complètement remplacer l’humain : elle demande à être accompagnée. C’est dans ce contexte que le métier de Prompt Engineer se trouve tout à coup mis en lumière. À l’heure de ChatGPT, cette fonction encore peu connue prend une importance toute particulière. L’occasion est idéale pour en faire le tour et passer en revue ses défis et ses promesses. Focus sur un métier d’avenir.

Métier

« Pour comprendre le métier de Prompt Engineer, il faut tout simplement prendre le temps de vérifier la signification de prompt en anglais » : c’est ainsi qu’Olivier P., ancien développeur multi-cartes et aujourd’hui Prompt Engineer pour un GAFAM, aborde la question. « Je suis un ingénieur des requêtes, littéralement. Et ici, il s’agit des requêtes qui peuvent être faites à la grande reine du moment : l’Intelligence Artificielle. Pour faire court, il s’agit de trouver les meilleures façons de poser des questions aux machines de l’IA et de les orienter, pour que celles-ci nous donnent la réponse la plus exacte, la plus pertinente, la plus utile possible. On fait ami-ami en quelque sorte : en bon geek, je dirais que l’IA c’est Batman, et moi je suis Robin. Je suis le co-équipier, secondaire car moins fort, mais un élément indispensable pour que les choses se passent vraiment bien ! ».

Missions

Au jour le jour, le Prompt Engineer pose des questions : c’est le cœur de sa mission. « Le GAFAM pour lequel je travaille à cette heure a besoin d’avancer sur certains projets fortement liés à l’Intelligence Artificielle. Parfois, ce sont nos partenaires qui ont besoin que je travaille l’IA – que la questionne, en réalité – pour obtenir des éléments de réponse qui vont être décisifs pour certains projets. L’idée, c’est de faire mieux, plus moderne, plus rapide, plus intelligent, en tirant le meilleur parti de l’IA ».

Mais le Prompt Engineer a-t-il pour seule mission de faire décoller de « grands projets », des projets novateurs ? « Non, absolument pas ! L’IA a d’abord et avant tout un intérêt pour les tâches et fonctions du quotidien : en la poussant dans le bon sens, on pourra coder plus vite qu’un développeur bien formé. On pourra gérer plus vite un dossier de subvention, savoir quels partenaires potentiels contacter sans se faire devancer par nos concurrents… On va pouvoir rédiger plus vite certains documents purement formels, des mails aussi bien sûr. Il y a des dizaines et des dizaines de tâches que l’IA peut nous aider à optimiser et automatiser dans leur traitement, et le rôle des personnes comme moi est de s’assurer que les choses vont dans le bon sens. »

Responsabilités du Prompt Engineer

La raison d’être du Prompt Engineer est de « faciliter tous les processus possibles au sein de l’entreprise, du plus basique au plus complexe, au service d’un maximum de métiers », selon Olivier P. « Ça, c’est pour son travail à petite échelle. Il a aussi une visée plis grande : il est un des maîtres d’œuvre de la modernisation de l’entreprise. C’est lui qui peut la propulser loin dans le monde du futur, pour dire les choses de manière littéraire ».

Compétences

Les principales compétences pour réussir au poste d’ingénieurs spécialiste des requêtes se découpent en un volet technique et un volet comportemental.

Parmi les compétences techniques, on retiendra notamment :

1. la maîtrise de la plus large palette de langages informatiques possibles, à adapter selon les besoins et pratiques de l’entreprise ;
2. une compréhension fine des principaux modèles d’Intelligence Artificielle ;
3. une maîtrise des grandes notions d’algorithmie ;
4. et une parfaite aisance sur tous les mécanismes de Développement.

Sur un plan plus général, le Prompt Engineer doit faire preuve d’une grande créativité, afin d’aborder la complexité de l’IA de manière efficiente, et une grande appétence pour la résolution de problèmes complexes.

Qualités

Le Prompt Engineer se conçoit d’abord et avant tout comme un professionnel disposant d’une très grande capacité d’écoute et d’une hauteur de vue, pour collecter les commentaires de tous les métiers et comprendre – parfois mieux que les professionnels interrogés – leurs besoins réels. 

Il doit avoir un côté visionnaire pour « trouver des solutions aux questions que ses collègues ne se sont pas encore posées ».

Au-delà de l’aptitude au dialogue, ce spécialiste de l’IA doit aussi faire preuve d’une grande capacité d’analyse et de synthèse, pour rendre la transmission d’informations aux machines liées à l’IA aussi efficace que possible. Son sens de l’organisation et son esprit structuré doivent être des évidences. La curiosité et le goût pour la recherche sur le temps longs sont d’autres qualités indispensables : l’IA se présente comme une galaxie encore complexe qu’il doit avoir envie d’explorer pour en tirer le meilleur parti possible.

Niveau d’études nécessaire

La fonction de Prompt Engineer est accessible à partir d’un Bac +5. La validation d’une spécialisation en Intelligence Artificielle est un pré-requis indispensable pour la majorité des recruteurs. Souvent, des développeurs aguerris passent par une formation spécialisée pouvant aller d’une trentaine à une cinquantaine d’heures pour présenter le niveau de compétence nécessaire.

Soulignons qu’une expérience solide en Développement est l’une des voies les plus naturelles pour avoir une légitimité auprès des entreprises.

Quelle formation ?

Le métier de Prompt Engineer demandant des bases solides en Développement, la formation proposée par la Guardia School est parfaite pour se mettre sur la bonne voie. L’école donne par ailleurs une place de choix aux compétences comportementales indispensables pour ces professionnels qui doivent exceller aussi bien dans le dialogue avec l’humain que dans le dialogue avec les machines.

Cette double compétence technique et humaine est abordée aussi bien dans le cursus de niveau Bachelor, en 3 ans, et au moment du Master pour experts en cybersécurité.

Parmi ses 8 socles d’apprentissage, le Bachelor en 3 ans (titre RNCP niveau 6) accorde une importance de premier plan aux Basiques de l’informatique, au Développement informatique sous ses formes les plus variées et aux questions d’Infrastructure réseau et système. La partie Développement aborde un grand nombre de langages, avec un accent particulier sur les langages C, C++ et Python). Sont également enseignées les clés de l’algorithmie et du développement web (HTML5, CSS3, PHP, MySQL), autant d’outils indispensables avant d’aborder les techniques propres au DevSecOps.

Au niveau Master, l’accent est mis sur la conception technique et les projets technologiques. Dans ce cadre sont proposés un approfondissement des langages de programmation et des connaissances des OS,  ainsi qu’un apprentissage axé sur l’architecture des systèmes d’information, les Hardening Systems, la gestion des accès et des identités IAM, la virtualisation et le cloud, la cryptographie, la gestion des données, ainsi que l’analyse forensique.

Pour les personnes déjà actives dans le monde du travail et envisageant de changer de carrière, il existe des formations continues en Prompt Engineering.

Bachelor

Master Expert cybersécurité

Quel bac ?

Tout baccalauréat peut mener à ce métier, même s’il faut une affinité pour le numérique et les mathématiques.

Dans quel secteur travailler ?

La demande de Prompt Engineers commence à devenir important dans un certain nombre de secteurs liés aux services de santé, à la banque et à l’assurance et à l’industrie automobile notamment. Les entreprises très actives sur le plan informatique, les GAFAM et les experts en cybersécurité se penchent aussi largement sur ces professionnels qui peuvent représenter un très grand atout.

De manière générale, ce sont toutes les structures qui sont engagées dans des processus modernes qui peuvent avoir intérêt à s’attacher les services de ces spécialistes de l’IA.

Les entreprises qui recrutent

Récemment, on a pu repérer des offres intéressantes auprès d’acteurs très divers, notamment :

• de grandes références du jeu vidéo, comme Ubisoft, SQUAD ou Gameloft ;
• des représentants de la sphère bancaire, comme BNP Paribas, le groupe La Poste ou Natixis ;
• de grandes références de l’aérospatiale et de l’équipement de pointe, comme Thales ;
• des représentants de l’industrie automobile, comme le groupe Renault ;
• des cabinets de conseil spécialisés en stratégie numérique et optimisation des systèmes informatiques, comme Eraneos en Suisse ou AI Builders.

Les offres d’emploi visant des Prompt Engineers se répartissent un peu partout, sur les pages classiques comme :

• LinkedIn en premier lieu ;
• Indeed.com ;
• Cyberjobs.fr ;
• ou le site de l’Apec.

Il peut être utile de consulter directement les pages des GAFAM et des spécialistes de la santé, mais la plupart des entreprises donnent de la visibilité à leurs offres sur le réseau LinkedIn.

Salaire

Le salaire moyen d’un Prompt Engineer qui fait ses armes est estimé à 3 100 euros bruts mensuels environ. Les ajustements à la hausse se feront sur la base de ses expériences passées et de la concordance entre ses spécialisations et les besoins de l’entreprise qui l’embauche. Les professionnels les plus expérimentés peuvent espérer toucher jusqu’à 6 800 euros bruts par mois en moyenne.

Source salaires : enquête interne auprès des professionnels + étude cabinet Michael Page + étude cabinet Hays.

NB : les métiers de la cybersécurité sont récents. L’estimation du salaire se base sur peu de données. Le salaire peut être parfois surévalué ou sous-évalué. Nous affinerons sa pertinence lors de la prochaine édition du Guide des Métiers de la cybersécurité.

Evolution de carrière

« Il est difficile – et presque un peu dommage – de parler d’évolution de carrière pour un métier tout juste en création. On peut néanmoins dire que les ingénieurs spécialistes de la requête ont de belles années devant eux : leur métier pourra évoluer avec les perfectionnements et les élargissements de l’Intelligence Artificielle. Plus l’IA deviendra puissante et perfectionnée, plus leur mission devra être consolidée – et on peut imaginer l’apparition de nouveaux métiers pour lesquels les Prompt Engineers seront particulièrement bien préparés », explique Olivier P.

En raison de leurs bases solides en langages informatiques, en IA et, dans de nombreux cas, en codage, un Prompt Engineer n’aura aucune difficulté à reprendre des fonctions plus généralistes de développeur. Il pourra aussi proposer ses services en tant que conseiller en cyberstratégie ou en analyste cyber, selon ses spécialités. Les options d’évolution dépendront largement, dans le cas présent, des expériences concrètes de chaque professionnel.

Les avantages et inconvénients

« J’ai du mal à envisager les choses autrement qu’avec beaucoup d’enthousiasme, je l’avoue – et je pense ne pas avoir tort de voir les choses sous cet angle », confie Olivier P. « Nous sommes sur un métier nouveau, de plain-pied dans la modernité : on parle d’un métier qui surfe sur une grande technologie du futur. Cela veut dire qu’il va y avoir de la demande de la part des entreprises, des perspectives passionnantes de formation pour les nouveaux arrivants sur le marché de l’emploi informatique et cyber, et peut-être aussi de belles opportunités de salaire. Et puis il y a cette idée d’un terrain encore largement inconnu, de pistes à explorer : les Prompt Engineers devraient être au centre du jeu et devraient ne pas s’ennuyer pendant quelques dizaines d’années ! ». 

Parmi les inconvénients de ce métier en construction, Olivier P. identifie un niveau de responsabilité qui n’apparaît pas forcément au premier coup d’œil, mais qui est bien réel : « Lorsqu’on veut mettre l’IA au service de plein de métiers, il faut être sûr qu’on leur fournit des processus bien pensés. Si le Prompt Engineer oriente mal les choses et qu’il ne se rend pas compte immédiatement que l’IA fournit une réponse biaisée, parce qu’il ne connaît pas assez bien le métier auquel il apporte une réponse, alors nous sommes face à de possibles problèmes en chaîne dans l’entreprise. Et la responsabilité première, ce n’est pas la machine qui va la porter : c’est l’humain, c’est l’ingénieur. Plus qu’un haut niveau de stress, c’est un degré de vigilance et d’attention élevé qui apparaît ».

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