Devenu une légende à 17 ans en libérant le premier iPhone, George Hotz a transformé son génie du hacking en une quête : démocratiser les technologies. De la conduite autonome open source à l’IA accessible avec Tiny Corp, cet anticonformiste défie les géants en rendant la puissance technologique abordable.

George Hotz, un surdoué du hacking célèbre à 17 ans
George Hotz, né en 1989 dans le New Jersey, incarne une trajectoire atypique. Dès l’adolescence, ce surdoué de l’informatique se distingue par des projets de robotique primés, qui attirent l’attention de grands médias américains. Mais c’est en 2007, à 17 ans, qu’il est devenu une véritable célébrité : en déverrouillant le premier iPhone, il libère l’appareil de son exclusivité avec AT&T.
Contrairement à certaines informations, ce jailbreak ne nécessitait pas de modification matérielle telle que la soudure d’un fil sur la carte mère pour activer le mode DFU. Le processus reposait entièrement sur une faille logicielle exploitée via une série d’étapes précises. Ce coup d’éclat propulse George Hotz, surnommé depuis lors « GeoHot », au rang de légende du hacking.
Sa réputation se consolide en 2010 lorsqu’il perce les défenses de la PlayStation 3. Sony engage alors une bataille juridique contre le jeune adulte d’à peine 20 ans, qui se solde finalement par un accord entre les deux parties.
De Facebook à Google : l’éveil d’un entrepreneur visionnaire
Après ces exploits qui l’ont mis sous les feux de la rampe, George Hotz intègre Facebook en 2011. Il rejoint ensuite Google en 2014. Il intègre alors le Project Zero, une équipe chargée de lutter contre les cyberattaques. C’est dans ce cadre qu’il met au point Qira, un logiciel conçu pour analyser en détail le comportement des programmes.
Qira permet concrètement aux experts de déceler des bugs, de sécuriser les programmes, ou même d’en décortiquer la structure, comme on examinerait les rouages d’une horloge pour en saisir le fonctionnement.
En 2015, George Hotz quitte la firme de Mountain View pour créer comma.ai. Une société dont l’objectif est de développer des voitures autonomes grâce à l’intelligence artificielle. Très vite, il met au point un prototype ; mais les autorités américaines lui demandent aussitôt d’arrêter. Selon elles, son système de conduite autonome est trop dangereux. En 2016, il enterre ce projet de véhicule, mais partage gratuitement le logiciel d’intelligence artificielle à la base du système de conduite.
En 2022, comma.ai fait l’objet d’un procès en brevet. Suite à cet épisode, GeoHot a décidé prendre sa distance avec l’entreprise qu’il a fondée, sans pour autant s’en désengager complètement.

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Comment GeoHot impose-t-il sa patte dans le domaine de l’IA ?
Toujours cette même année 2022, il crée une compagnie, tiny corp. Son objectif avec cette nouvelle société ? Rendre l’intelligence artificielle accessible à tous.
L’une de ses premières réalisations est tinygrad, un logiciel gratuit et ouvert dédié aux programmes d’intelligence artificielle : chatbots, systèmes de reconnaissance d’images ou robots virtuels. Conçu pour être simple et léger, il entre en concurrence avec des outils comme PyTorch ou TensorFlow. La force de tinygrad : il fonctionne même sur des ordinateurs avec peu de puissance. Les petits budgets emboîtent naturellement le pas.
En mai 2023, tiny corp passe à la vitesse supérieure. La start-up lève 5,1 millions de dollars et lance TinyBox, un ordinateur spécialisé dans l’IA. Compact et vendu 15 000 dollars, il peut accueillir jusqu’à 6 cartes graphiques (GPU). Idéal pour les chercheurs sans gros budget et les start-ups, il permet de créer des applications IA sans dépendre des serveurs coûteux des grandes entreprises.
Avec ces innovations, George Hotz défend une idée clé : l’IA ne doit pas être réservée aux laboratoires ultra-équipés. En misant sur l’open source et des solutions abordables, il ouvre la voie à une génération de créateurs indépendants.
Cryptomonnaies, vie privée, éthique : un technocritique engagé
George Hotz ne se contente pas d’innover. Il intervient régulièrement dans les débats sur l’impact sociétal de la tech. En janvier 2025, il crée la polémique en déclarant sur X (ex-Twitter) que les cryptomonnaies ne sont plus sûres. Une allusion aux récents travaux d’OpenAI, qui aurait trouvé une méthode de factorisation en temps polynomial qui menace de rendre caduque les systèmes cryptographiques actuels. Des propos qui irritent les partisans du Bitcoin, mais soulignent sa posture de lanceur d’alerte.
L’engagement de GeoHot en faveur de l’open source constitue toujours un pilier central de ses convictions. Qu’il s’agisse de Comma.ai ou de Tiny Corp., ses entreprises ne manquent jamais de publier codes sources, jeux de données et protocoles d’entraînement. Une transparence exceptionnelle dans un secteur où la propriété intellectuelle est généralement jalousement gardée.
Chez Comma.ai, les algorithmes du logiciel openpilot sont disponibles sur GitHub. Cet accès totalement ouvert permet à des milliers de contributeurs indépendants d’améliorer le système en temps réel.
Demain : vers une tech décentralisée ?
Avec Tiny Corp, George Hotz, le hacker iconique derrière le jailbreak de l’iPhone s’attaque à un défi de taille : démocratiser l’accès à la puissance de calcul nécessaire à l’entraînement de modèles d’IA.
L’idée est simple : permettre à des structures locales de créer leurs propres outils d’IA sans passer par les géants du cloud. Des hôpitaux pourraient développer des diagnostics médicaux sur leurs propres ordinateurs, en gardant le contrôle total de leurs données. Des universités pourraient partager leurs découvertes sans dépendre de serveurs lointains et coûteux. Avec du matériel abordable et des logiciels libres, Tiny Corp veut rendre cette autonomie accessible à tous.
Le défi ? Montrer qu’une tech décentralisée peut être aussi efficace que les mastodontes comme Amazon ou Google. Si ça fonctionne, l’innovation ne viendrait plus seulement de quelques data centers surpuissants, mais aussi de petites équipes inventives – un internet fait de millions de sources locales plutôt que d’une poignée de robinets géants. GeoHot y croit : et si demain, la technologie servait enfin ceux qui l’utilisent, au lieu de ceux qui la contrôlent ?