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Fancy Bear : l’ombre russe qui plane sur la cybersécurité française et européenne

L’organisation Fancy Bear illustre la montée en puissance des menaces numériques d’origine étatique. Ce groupe, lié aux services de renseignement militaire russes, mène des opérations contre les intérêts européens depuis au moins 2015. Ses actions ciblent les institutions démocratiques, les médias et les administrations. Les conséquences de ces attaques dépassent le cadre technique. Elles affectent la stabilité politique des États visés.

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Comment les hackers de Fancy Bear s’infiltrent-ils dans nos réseaux informatiques ?

Fancy Bear s’est spécialisé dans le spear phishingune technique d’hameçonnage qui cible prioritairement de hauts responsables institutionnels ou des dirigeants politiques. Le groupe envoie des courriels frauduleux à ces personnes. Ces messages contiennent toutefois des liens malveillants. Lorsqu’ils sont activés, ces liens permettent l’installation de programmes espions. Neuf fois dix, les victimes de ce procédé sournois ignorent la compromission de leurs systèmes informatiques.

Le groupe exploite aussi les failles de sécurité des logiciels courants, comme Microsoft Outlook. Cette approche permet une infiltration discrète des réseaux visés. Comme les outils utilisés par les hackers russes évoluent constamment, la détection des intrusions devient plus complexe. Les équipes de cybersécurité peinent à suivre le rythme.

La réussite des cyberattaques menées par l’organisation Fancy Bear tient en partie à leur simplicité apparente, qui contraste avec la sophistication des moyens techniques déployés. Ces hackers bénéficient des dernières avancées en matière d’ingénierie sociale et informatique pour tromper leurs cibles. Ils misent davantage sur la manipulation psychologique des utilisateurs que sur des assauts frontaux contre les systèmes.

Ciblant les maillons faibles d’une institution plutôt que les infrastructures informatiques elles-mêmes, ces approches s’avèrent redoutablement efficaces pour infiltrer des réseaux sécurisés et exfiltrer des données sensibles en toute discrétion. Elles exploitent avec brio les erreurs humaines et les négligences procédurales.

Les institutions françaises victimes des attaques de l’organisation Fancy Bear

Sur le continent européen, l’Hexagone constitue une cible privilégiée de Fancy Bear. L’attaque contre TV5Monde en 2015 marque un tournant. La chaîne d’information, dont la ligne éditoriale déplaît fortement à Moscou, cesse d’émettre pendant plusieurs heures. Les auteurs masquent leur identité derrière une fausse revendication terroriste.

En 2017, la campagne présidentielle française subit une offensive de déstabilisation. Des milliers de documents internes du candidat Emmanuel Macron sont publiés en ligne. Cette opération, baptisée par les hackers Macron Leaks, vise à perturber le processus électoral démocratique du pays.

Les services français constatent une intensification des attaques de Fancy Bear depuis 2021. Les universités, les ministères et les centres de recherche figurent parmi les cibles privilégiées du groupe de hackers. L’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (Anssi) coordonne la réponse nationale. Elle accompagne ces organisations dans le renforcement de leur sécurité numérique.

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Comment l’Europe tente-t-elle de coordonner sa réponse face aux cyberattaques russes ?

Les cyberattaques orchestrées par le groupe Fancy Bear ne se limitent pas à la France et visent plus largement les démocraties européennes. En 2024, l’Allemagne a ainsi révélé avoir subi une intrusion massive dans les systèmes informatiques du Parti social-démocrate, l’un des deux grands partis politiques du pays. Plusieurs téraoctets de données internes auraient été dérobés. Cette opération rappelle celle ayant ciblé le Bundestag en 2015.

De la même manière, la République tchèque dénonce des tentatives récurrentes de hacking contre des responsables gouvernementaux et des institutions publiques. Le mode opératoire présente des similarités frappantes avec les méthodes de Fancy Bear.

Face à la multiplication des cyberattaques visant les institutions européennes, la coopération en matière de sécurité numérique s’intensifie entre les États membres. Des task forces communes ont été mises en place pour améliorer le partage de renseignements entre les pays. L’objectif : anticiper les vecteurs d’attaque, analyser les codes malveillants, et coordonner la réponse aux incidents.

Par exemple, l’Union européenne et l’OTAN ont lancé, le 16 mars 2023, une task force conjointe sur la résilience des infrastructures critiques. Cette initiative vise à renforcer la sécurité des secteurs clés tels que l’énergie, les transports, les infrastructures numériques et l’espace, en réponse aux menaces hybrides combinant attaques physiques et cyberattaques.

En 2021, la France a adopté un ambitieux plan d’un milliard d’euros pour renforcer sa souveraineté dans le domaine critique de la cybersécurité. Financé par France Relance et le Programme d’investissement d’avenir (PIA), il vise à doubler les effectifs de la filière pour atteindre 75 000 emplois en 2025, et à tripler le chiffre d’affaires du secteur à 25 milliards d’euros.

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Quels sont les dommages causés par l’organisation Fancy Bear ?

Les conséquences des cyberattaques menées par le groupe Fancy Bear sont extrêmement préoccupantes. L’intrusion informatique au Bundestag allemand en 2015 a entraîné, entre autres, le vol de 16 gigaoctets de données extrêmement sensibles sur le fonctionnement interne du parlement, ainsi que sur des responsables politiques.

Outre le volume considérable des informations dérobées, le contenu même de ces données risque de compromettre gravement la sécurité nationale allemande dans un futur plus ou moins proche. Elles pourraient, par exemple, être exploitées à des fins de chantage, d’ingérence politique ou même de déstabilisation.

Les cyberattaques perpétrées lors de la campagne présidentielle française de 2017 ont quant à elles sérieusement perturbé le débat électoral. La fuite de milliers de documents internes a contraint les équipes de campagne à réagir dans l’urgence. Si l’impact direct de ces révélations sur le résultat final du scrutin semble à ce jour très circonscrit, le fonctionnement même de la démocratie s’en est trouvé ébranlé. La diffusion de fausses informations et la déstabilisation des candidats étaient manifestement l’objectif des sbires informatiques de Moscou.

Par ailleurs, le coût financier de ces intrusions informatiques s’est révélé très élevé. Outre les dégâts sur les systèmes et réseaux piratés, la remise en état des machines, le renforcement drastique de la sécurité et la restructuration des équipes ont mobilisé des moyens considérables.

Les nouveaux enjeux de la sécurité numérique soulevés par les attaques de l’organisation Fancy Bear

Les cyberattaques perpétrées par des groupes comme Fancy Bear mettent en lumière la vulnérabilité croissante des démocraties occidentales face aux risques numériques. Leur dépendance vis-à-vis d’internet et des nouvelles technologies offre des opportunités d’intrusion dans les systèmes les plus sensibles.

Ces groupes de hackers, souvent liés à des agences de renseignement étrangères, disposent de moyens sophistiqués pour exploiter les failles de sécurité informatique. Ils ciblent en priorité les infrastructures jugées névralgiques : administration, défense, énergie, transports, finances.

La protection de ces secteurs stratégiques est devenue un enjeu crucial pour la souveraineté et la stabilité des États. Elle nécessite des investissements massifs dans la cyberdéfense, la formation des personnels et la coopération internationale. Les démocraties doivent rapidement augmenter leur résilience face à cette menace grandissante d’un nouveau genre.