En 2008, Jonathan James est retrouvé mort à son domicile d’une blessure par balle. Les autorités en concluent un suicide. Le hacker de 24 ans était connu comme le premier mineur condamné pour piratage informatique à l’adolescence. Dans sa lettre de suicide, il craignait d’être accusé à tort de l’une des plus grandes affaires de vol d’identité aux États-Unis.

Sous le pseudonyme Comrade, Jonathan James a piraté les ordinateurs du ministère de la Défense et de la NASA pour le plaisir. Il était également l’auteur de l’intrusion et le téléchargement illégal des logiciels propriétaires du Centre Spatial Marshall à Huntsville. Ces attaques lui valent une mise à l’épreuve de six mois qui s’est ensuite transformée en un séjour dans un centre de détention pour mineurs. Les experts saluent cette peine qui a fait de James, le premier mineur condamné à une peine d’emprisonnement pour piratage informatique.
Jonathan James : une passion pour les ordinateurs mélangée à l’oisiveté
Dans une interview accordée au magazine Wired, le père de James affirme que son fils se passionne pour l’informatique dès son plus jeune âge. Au collège, il était capable de migrer son ordinateur de Windows vers Linux. À l’adolescence, son utilisateur de l’ordinateur se prolongeait. Son père raconte que le jeune homme fait une fugue à 13 ans lorsque sa mère lui confisque son ordinateur.
Jonathan devient célèbre à 16 ans après le piratage de la NASA et du Pentagone. Il est le premier mineur condamné pour piratage informatique aux États-Unis. Sous son pseudonyme, Comrade, le jeune homme s’est introduit dans les ordinateurs du ministère de la Défense et de la Nasa. Son acte n’avait aucune motivation financière, il piratait ces systèmes pour le plaisir.
Le père de James le décrit comme une personne oisive. Après sa condamnation pour piratage informatique, il retourne dans la maison familiale, laissée par sa mère à sa mort. La chose la plus marquante de sa courte vie fut un voyage en Israël. Malgré ses talents dans l’informatique, James n’est pas allé à l’université. Contrairement aux autres hackers repentis, il n’a pas manifesté d’intérêt pour une carrière.
Selon Robert James, son fils faisait partie de ces personnes qui « préfèrent vivre sans argent plutôt que d’aller travailler ».
Piratage de la Nasa et première condamnation pour Jonathan James
Au début des années 2000, la NASA fait face à une série de piratages informatiques. L’enquête conduit à l’arrestation de plusieurs hackers, dont Jonathan James. L’adolescent originaire de Floride avait 15 ans au moment des faits. James s’est introduit dans les serveurs de la NASA et a téléchargé 1,7 million de dollars de logiciels propriétaires. Il a également intercepté près de 3 300 e-mails et obtenu les mots de passe d’au moins 10 ordinateurs de la NASA. Son intrusion a coûté 41 000 dollars en réparation du système.
Les autorités perquisitionnent son domicile en janvier 2000, le jeune homme sera inculpé six mois plus tard. James va plaider coupable de deux chefs d’accusation et obtient une peine moins lourde.
En effet, il est assigné à résidence pendant sept mois et est mis à l’épreuve jusqu’à ses 18 ans. Il était également interdit d’ordinateur et devait adresser une lettre d’excuses à la NASA et le Pentagone. Néanmoins, James compromet sa mise à l’épreuve suite à un test positif à la drogue. Cela lui vaut une peine de six mois dans un établissement correctionnel en Alabama.
Pour les experts, il s’agit d’une démonstration de force du ministère de la Justice, que James était condamné pour l’exemple malgré son âge. Compte tenu de l’ampleur de ses actes, il risquait dix ans de prison s’il était majeur.
Notons que la NASA n’était pas la seule cible de James. Il s’est aussi introduit dans les ordinateurs de la DTRA (defense threat reduction agency).

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La crainte de la prison qui aboutit au suicide de Jonathan James
Le 18 mai 2008, Jonathan James se suicide à l’âge de 24 ans. Deux semaines plus tôt, les autorités ont perquisitionné son domicile suite à l’affaire du piratage de TJX et OfficeMax.
Rappelons d’abord le contexte de cette stratégie. Les services secrets traquent depuis plusieurs semaines des pirates qui ont piraté plusieurs enseignes de distribution américaines. Ce gang de hackers a réussi à voler des dizaines de millions de cartes de crédit. Considéré comme le plus grand vol de données aux États-Unis, ce piratage a rendu le chef de file, Albert Gonzalez, millionnaire.
Gonzalez avait au moins une dizaine de complices qui ont tous été inculpés pour le piratage de Barnes & Noble, Boston Market ou encore TJX. Jonathan James était un ami de l’un d’entre eux : Christopher Scott qui a plaidé coupable de ses crimes.
La déposition au tribunal mentionne un autre complice portant le pseudonyme « J.J ». Dans cette plainte, J.J aurait accompagné Scott pour intercepter les données du réseau wifi d’un magasin OfficeMax à Miami. Les deux ont ensuite remis les informations à Gonzalez qui s’est occupé du décryptage des codes PIN. Dans ces plaintes, « J.J » n’est pas impliqué dans d’autres intrusions, mais il est lié à la création d’une boîte aux lettres pour le compte de Gonzalez.
Il n’en faut pas plus pour suspecter Jonathan James, qui serait « J.J ». Dans sa lettre de suicide, le hacker déclare qu’il constituait une cible plus attrayante aux yeux des fédéraux. Il craignait également que son passé lui vaudra d’être le suspect idéal. Il ajoute qu’il n’avait rien à voir avec les attaques de TJX.
James se sentait persécuté par les autorités. Sa méfiance envers les autorités a été nourri par le passé d’Albert Gonzalez. Notons que ce dernier a travaillé comme informateur pour les services secrets pendant des années dans une vaste opération « Firewall ». Il a infiltré le forum Shadowcrew, le repère des hackers spécialisés dans les fraudes à la carte bancaire. Dans sa lettre, il craint que Gonzalez s’en sorte indemne tout en incriminant ses amis.
Des années après sa mort, il s’avère que les soupçons de James n’étaient pas fondés. Au moment de sa mort, Albert Gonzalez était inquiété seulement du piratage de Dave & Busters. Mais depuis, les autorités l’ont relié à d’autres violations. Gonzalez risquait la perpétuité.
L’oisiveté de James laisse penser qu’il n’a pas participé aux séries d’attaques menées par Gonzalez et son équipe. Selon son père, son train de vie ne donnait pas l’impression qu’il avait de l’argent peu avant sa mort.