Kevin Poulsen, alias Dark Dante, a grandi à Los Angeles, dans la banlieue de North Hollywood. Le détournement des lignes téléphoniques de la radio KIIS FM 102.5 pour gagner une Porsche lui a permis de devenir l’un des hackers les plus populaires au monde.
Kevin Poulsen est un hacker californien tristement célèbre pour avoir pénétré le réseau ARPAnet de l’université UCLA et trafiqué un jeu concours radiophonique. Fugitif pendant 17 mois à partir de 1989, il est finalement arrêté par le FBI et purge une peine de 4 ans et 3 mois de prison. Ce fut la peine la plus lourde prononcée à l’encontre d’un hacker à l’époque. Il se reconvertit en journaliste spécialisé en sécurité informatique à sa sortie.
Premières années de Kevin Poulsen dans le hacking
Les aventures de Kevin Poulsen dans le hacking commencent à 16 ans, lorsqu’il acquiert son premier ordinateur. Il adopte le pseudo « Dark Dante » et commence par le piratage téléphonique. C’est ainsi qu’il rencontre Ronald Austin, un autre hacker, ayant deux ans de plus que lui.
Les deux pénètrent illégalement le réseau Arpanet, créé par le ministère de la Défense américain en 1969. Pour les pirates informatiques, c’est une aubaine de pirater ce réseau qui reliait les ordinateurs des universités dans tout le pays.
Le Stanford Research Institute constitue leur première cible. Ce groupe travaillait sur des projets militaires classés « secret défense ». Des entreprises sous-traitantes du Pentagone comme le Naval Research Laboratory entrent également dans leur ligne de mire.
En 1983, la police réussit à arrêter son ami Austin et l’a inculpé pour 14 chefs d’accusations. Cela lui vaudra environ deux mois de détention. De son côté, Kevin reçoit un traitement plus favorable en raison de son âge, il était mineur au moment des faits.
Des piratages d’envergures
Alors qu’il échappe à la prison, Kevin Poulsen est engagé par le Stanford Research Institute comme consultant en sécurité informatique. Il était assigné au département qui gérait la communication entre le SRI et le Pentagone.
En 1988, sa vie tranquille prend fin lorsque les autorités fédérales découvrent un entrepôt qui conservait ses effets personnels : certificats de naissance, outils de serrurier, fausses cartes, manuels d’une compagnie de téléphone et autres gadgets.
Il est aussitôt convoqué au commissariat de Menlo Park. Le hacker nie toutes les accusations pendant l’interrogatoire. Le FBI continue néanmoins de creuser et découvre qu’il s’est introduit dans les ordinateurs du gouvernement américain. Il est notamment suspecté d’avoir mis la main sur une enquête portant sur Ferdinand Marcos. Les fédéraux ont également trouvé des preuves tangibles de son entrée illégale dans les bureaux de la compagnie de téléphone, Pacific Bell.
Cette fois-ci, l’étau se resserre sur Kevin. Il prend la fuite. Alors qu’il était un fugitif, il s’est encore introduit dans les ordinateurs du FBI et dévoilent des écoutes téléphoniques « présumées » effectuées par les fédéraux sur les consulats étrangers. Ces actes lui ont valu le surnom de « Hannibal Lecter » du crime par les autorités.
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Kevin Poulsen au centre de l’attention
Kevin est toujours en cavale lorsque la chaîne NBC lui consacre un épisode de son émission « Unsolved Mysteries ». L’émission donne des détails sur les activités criminelles du hacker : vol de données militaires, piratage des lignes téléphoniques, introduction dans les réseaux du Pacific Bell, etc. Cet épisode se conclut par la présentation d’une photo du jeune homme et une sensibilisation du public à fournir sa localisation.
Kevin Poulsen monte un autre coup pendant sa fuite. Avec d’autres hackers, ils piratent les lignes téléphoniques de la chaîne de radio KIIS – FM 102. Cette dernière organisait un jeu concours où l’heureux gagnant, le 102ᵉ appelant, remporte une Porsche, des vacances à Hawaii et la somme de 20 000 dollars.
Pour Poulsen, c’est le crime de trop, celui qui lui a valu la reconnaissance de ses pairs. Pourtant, cela a renforcé la chasse à l’homme à son encontre. Il est alors considéré comme l’un des meilleurs pirates informatiques au monde.
Emprisonnement pour 19 actes d’accusation
Alors que Kevin Poulsen fuit le FBI depuis plus d’un an, les autorités reçoivent un signalement dans un quartier de Los Angeles. Les fédéraux y laissent alors une photo de celui-ci pour qu’on le reconnaisse.
En 1991, un gérant d’un marché aperçoit un homme qui correspond à la photo et contacte aussitôt le FBI. Kevin était déjà parti à leur arrivée. Quelques jours plus tard, il revient dans ce même commerce, mais les agents fédéraux l’y attendent déjà.
La justice a réussi à inculper Kevin grâce aux témoignages des autres hackers en échange d’une réduction de leur peine. Alors qu’il est en prison depuis deux ans, le californien est condamné pour 19 chefs d’accusation par le tribunal de Los Angeles en 1993 : écoutes téléphoniques, fraude informatique, complot, vol de documents publics, détournement de fonds.
De son côté, le grand jury fédéral de San José le condamne pour la violation du système informatique d’une compagnie, à savoir Pacific Bell. Les faits remontent à 1986 lorsqu’il a piraté les ordinateurs d’une antenne de la compagnie à Contra Costa, puis de son bureau principal en 1987. Cette violation du bureau principal lui a permis d’obtenir les numéros de téléphone de personnalités importantes comme le consulat soviétique.
Le grand jury fédéral de San José l’accuse également d’avoir violé les systèmes informatiques de l’armée américaine. Il a dérobé des informations importantes sur des enquêtes fédérales en cours.
Pour ces actes d’accusation, il risque une amende de 5 millions de dollars et 100 ans d’emprisonnement ferme.
Face à la pression, Kevin plaide coupable en 1994 de sept chefs d’accusation, dont la fraude, le complot et le détournement des communications téléphoniques. En 1995, alors qu’il a déjà passé quatre ans en prison, il est condamné à 51 mois de prison et à payer une amende de 56 000 dollars.
Il est néanmoins libéré en 1996, mais n’a plus le droit de s’approcher d’un ordinateur ni d’utiliser internet pendant trois ans après sa libération.
La reconversion dans le journalisme après sa libération
Comme les autres hackers de son rang, Kevin Poulsen se reconvertit dans la cybersécurité. À sa sortie, il travaille comme journaliste pour Securityfocus News au début des années 2000. Il devient ensuite rédacteur en chef du journal Wired en 2005.
En 2006, il a même contribué à débusquer les comptes de plusieurs pédocriminels qui sévissent sur MySpace. Son travail a permis au FBI d’identifier plus de 744 comptes enregistrés sur la plateforme.
Il est également impliqué dans le développement d’une plateforme permettant aux journalistes de communiquer avec leurs sources de manière sécurisée.