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Comparatif des méthodes de cryptage les plus sécurisées

Selon les chiffres de Market Research Future, le marché du cryptage est évalué à 38,5 milliards de dollars en 2023 contre 13,4 milliards en 2022. Dans ce contexte, une meilleure connaissance des algorithmes de cryptage permet à une entreprise de bénéficier d’une sécurité optimale de ses données.

Selon une étude menée par Thales, 39 % des entreprises ont connu une violation de leurs données stockées sur le cloud en 2022. Le chiffre a augmenté de 4 points par rapport à 2021. Pourtant, près de 40 % des données stockées représentent des informations sensibles pour trois organisations sur quatre. Ces chiffres démontrent l’importance du chiffrement dans le domaine professionnel. Pourtant, 45 % des entreprises sondées utilisent seulement cette méthode pour protéger leurs données. Certaines d’entre elles ne mettent pas en place un système de contrôle, d’autres utilisent plusieurs systèmes de gestion des clés. Dans tous les cas, une utilisation optimum d’une méthode de chiffrement est nécessaire pour renforcer la sécurité. Ceci commence par le choix de l’algorithme de chiffrement adapté à son organisation.

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Par Kevin Picciau
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Évaluation de 5 méthodes de chiffrement les plus utilisées actuellement

Triple DES

Cet algorithme symétrique a remplacé DES (data encryption standard) lorsque ce dernier a été déchiffré par les pirates. Comme son nom l’indique, l’algorithme s’appuie sur trois clés différentes de 56 bits pour une longueur totale de 168 bits. Les experts en cybersécurité estiment qu’une clé de 112 bits est plus stable.

Pendant longtemps, Triple DES, fut l’algorithme de chiffrement privilégié en entreprise, mais il a perdu sa popularité au profit d’AES. En effet, des applications comme Mozilla Firefox et Microsoft Office l’utilisent encore.

Blowfish

Cette méthode de chiffrement symétrique voit le jour en 1993. Elle avait l’ambition de remplacer le DES, mais n’a pas réussi en raison de la taille réduite de ses blocs. Blowfish chiffre les données un à un en segments de 64 bits. Cette méthode est connue pour sa flexibilité et sa rapidité. De plus, elle se trouve dans le domaine public, les entreprises peuvent l’utiliser librement.

Blowfish est l’idéal pour chiffrer les transactions sur les plateformes électroniques par exemple ou pour protéger les mots de passe. Néanmoins, les experts considèrent qu’il n’est pas entièrement sécurisé. Heureusement, sa suite Twofish a permis d’implémenter un bloc de 128 bits. Par rapport à DES, Blowfish est nettement plus rapide.

Twofish

Twofish est comparable à Blowfish, en tant que méthode de chiffrement en bloc. Contrairement à Blowfish, la taille de bloc est de 128 bits. De plus, les clés sont modifiables et peuvent être de 256 bits au maximum.

RSA

Cet algorithme de chiffrement asymétrique repose sur la factorisation des deux grands nombres premiers. Seul le détenteur de la clé privée connaît les nombres premiers choisis pour le déchiffrement.

Il est utilisé pour sécuriser des données confidentielles. Cependant, l’algorithme devient moins pertinent pour chiffrer des données volumineuses.

AES

Cet algorithme de chiffrement symétrique se décline en plusieurs variantes de clés à 128 bits, 192 bits et 256 bits. La clé de 128 bits s’appuie sur dix tours tandis que celle de 256 bits sur 14 tours. Une tour correspond à des étapes de substitution et de transposition pour trouver des combinaisons.

AES est surtout utilisé pour sécuriser le réseau Wifi et les applications mobiles. Il est à noter que les navigateurs utilisent également cette méthode pour chiffrer la connexion sur un site.

Quelques points à retenir pour choisir l’algorithme approprié

Malgré sa robustesse, un algorithme de chiffrement n’est pas forcément adapté à toutes les situations. Pour une utilisation optimale, il est important de trouver celui qui correspond à ses besoins. Pour cela, l’entreprise doit tenir compte des points suivants :

  1. D’abord, plus un chiffrement est puissant, plus il exige des ressources importantes en matière de processeur. Prenons l’exemple d’AES 256, la méthode de chiffrement AES la plus puissante. Elle requiert une puissance de traitement, des ressources et du temps largement supérieur. De son côté, AES-128 est plus adaptée pour sécuriser une application par exemple. En effet, même ce niveau de cryptage inférieur demanderait un milliard d’années à être craqué par une méthode de force brute.
  2. Plus les clés sont longues, plus le chiffrement est robuste. Reprenons toujours l’exemple d’AES. Une longueur de clé de 128 bits équivaut à 10 cycles de chiffrement avec 3,4 X 1038 combinaisons. De son côté, une clé de 256 bits équivaut à 14 cycles de chiffrement de 1,1 x 1077 combinaisons.
  3. Le chiffrement symétrique est plus rapide que le chiffrement asymétrique puisqu’il requiert moins de puissance de calcul. Cependant, il implique la distribution de la même clé aux personnes qui doivent accéder aux données. Plus le nombre d’utilisateurs augmente, plus les risques de sécurité sont accrus. Le chiffrement symétrique est ainsi privilégié lorsque la clé est utilisée en local uniquement. Par contre, le chiffrement asymétrique est conseillé si la clé est partagée sur le réseau.
  4. La compression des données est possible seulement avant le chiffrement. Il n’est plus possible de compresser des données déjà chiffrées.
  5. Pour les entreprises ayant un volume important de données à chiffrer, il est préférable de chiffrer les données à l’aide d’une clé symétrique. Cela permet de gagner du temps. Cette clé sera ensuite chiffrée à son tour par une clé asymétrique pour renforcer sa sécurité.
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Quels sont les défis en matière de chiffrement ?

Le chiffrement occupe une place privilégiée dans l’histoire de la cybersécurité. Avant sa mise en place au sein de l’entreprise, une meilleure connaissance des défis posés par cette technologie s’impose.

Les cyberattaques

Les groupes de hackers tentent de dérober les clés de chiffrement. Pour y arriver, ils utilisent l’attaque par force brute. Cette technique consiste à réaliser des milliers de tentatives pour déchiffrer les mots de passe, les clés de chiffrement, etc. Heureusement, cette méthode reste inefficace contre les algorithmes de chiffrement modernes. En effet, il faut des milliards d’années à une attaque par force brute pour déchiffrer les clés actuelles.

Cela n’empêche pas les hackers de tenter d’entrer dans le système informatique. S’ils ne parviennent pas à déchiffrer les données chiffrées, ils vont tourner cet aspect du cryptage à leur avantage à travers les rançongiciels. Une fois qu’ils arrivent dans le système, les hackers dérobent les informations pour les chiffrer. Ils remettent la clé de déchiffrement à condition que l’entreprise victime paie une rançon. En France, 40 % des attaques par rançongiciels ciblent les PME et TPE entre la période de 2021 et 2022.

La gestion des clés

Elle fait référence à la gestion des clés à partir de leur génération jusqu’à leur révocation. La réussite d’une stratégie de chiffrement repose sur une meilleure gestion du cycle de vie. En effet, il suffit que la clé soit compromise pour que la stratégie de sécurité s’effondre.

Dans l’hypothèse où un cybercriminel réussit à voler une clé de chiffrement, il peut usurper l’identité d’un utilisateur, déchiffrer des informations sensibles, puis les voler.

C’est pourquoi il est essentiel de mettre en place une gestion des clés selon les normes. Ces normes encadrent la création, les moyens d’échange, le stockage et enfin la suppression des clés en fin de vie.

L’informatique quantique

Cette discipline informatique s’appuie sur les lois de la physique quantique pour résoudre les problèmes mathématiques complexes. Un ordinateur quantique est plus puissant qu’un ordinateur classique. Prenons un problème mathématique donné, un ordinateur quantique mettrait 22 secondes à réaliser le calcul alors que cela demanderait 10 000 ans à son homologue classique.

Les découvertes en informatique quantique pourraient résoudre plusieurs problèmes dans de nombreux domaines, notamment la santé et l’intelligence artificielle. Néanmoins, McKinsey estime que 5000 d’ordinateurs quantiques verront le jour d’ici quelques années et les chances que l’un d’entre eux tombe entre de mauvaises mains sont élevées.

Grâce à sa puissance de calcul, un ordinateur quantique sera capable de déchiffrer un algorithme asymétrique avec facilité.

C’est pourquoi plusieurs acteurs de la cybersécurité effectuent des recherches en cryptographie postquantique, afin d’anticiper ces menaces quantiques.

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Conseils pour mettre en place une stratégie de chiffrement efficace

La mise en place du chiffrement au sein d’une organisation requiert une bonne stratégie. L’élaboration de cette stratégie passe par quatre étapes :

La classification des données

Toutes les données manipulées par l’entreprise n’ont pas le même niveau d’importance. La première étape consiste donc à les classer selon plusieurs niveaux allant de critiques à non-critiques. Les données critiques peuvent être les coordonnées bancaires des clients, les informations financières de l’entreprise, etc. Au-delà de la sensibilité, la fréquence d’utilisation représente un autre critère à retenir pour la classification. Cette étape permet d’identifier les données, dont le chiffrement est nécessaire.

Le choix de la méthode de chiffrement

Les logiciels de cryptage sont plus adaptés pour chiffrer les fichiers individuels et les données stockées en local. Pour les échanges commerciaux, des applications intègrent nativement le chiffrement des données. Il en est de même pour les solutions de stockage cloud.

Mise en place d’une gestion efficace des clés de chiffrement

Toute la stratégie de chiffrement repose sur la sécurité des clés. Il est important de les placer dans un environnement renforcé, ou de les chiffrer à leur tour.

Réaliser les limites du chiffrement

Le chiffrement ne permet pas à lui seul de faire face aux cyberattaques. Cette stratégie doit intégrer une autre plus grande en matière de cybersécurité. L’utilisation de pare-feux et de logiciels de protection par exemple est complémentaire avec cette méthode.