Une unité de hackers russes, Cozy Bear, opère depuis plus de quinze ans dans une relative discrétion. Son objectif est simple : infiltrer les systèmes informatiques des grandes puissances occidentales. Cette organisation, identifiée sous plusieurs autres noms comme APT29 ou NOBELIUM, dépend des services de renseignement de Moscou.

Une ascension progressive vers les sommets
Les premières années de Cozy Bear passent presque inaperçues. Le groupe teste ses capacités sur des cibles secondaires. Cette phase d’apprentissage forge son expertise technique. Les hackers russes perfectionnent leurs outils dans l’ombre.
En 2015, cette longue préparation porte ses fruits et Cozy Bear réalise sa première intrusion d’envergure en s’introduisant dans les systèmes du Pentagone, le quartier général du département de la Défense américaine. Les hackers parviennent à accéder aux messageries électroniques de hauts responsables militaires et à exfiltrer des quantités importantes d’informations classées secret-défense.
Cette opération démontre que même l’armée la plus puissante du monde, avec tous les moyens financiers et humains à sa disposition, n’est pas à l’abri d’une attaque informatique finement orchestrée. Dès lors, Cozy Bear s’impose comme un acteur incontournable de l’espionnage cybernétique.
Cette intrusion réussie dans les systèmes du Pentagone révèle par ailleurs l’étendue des ambitions russes dans le domaine du cyberespionnage. En s’attaquant avec succès à une cible aussi prestigieuse et a priori si bien défendue, Cozy Bear démontre qu’aucune organisation, aussi sensible et protégée soit-elle, n’est à l’abri de leurs assauts.
Cet exploit marque également un tournant dans l’histoire du renseignement. Il signe en effet l’avènement d’une nouvelle ère où les services d’espionnage traditionnels sont concurrencés, voire surpassés, par des entités cybernétiques sans visage.
Pourquoi l’organisation Cozy Bear est-elle considérée comme une force de déstabilisation mondiale ?
L’année 2016 vient confirmer de façon retentissante la montée en puissance fulgurante de Cozy Bear sur la scène du cyberespionnage mondial. Les hackers russes réalisent l’une des intrusions informatiques les plus marquantes de la décennie en s’infiltrant dans le réseau informatique du Parti démocrate américain. Pendant plusieurs mois, les pirates exploitent des failles de sécurité insoupçonnées et parviennent à prendre le contrôle de serveurs stratégiques au cœur du système d’information démocrate.
Une fois solidement implantés, ils aspirent méthodiquement des quantités astronomiques de documents : courriels de responsables politiques, mémos confidentiels, bases de données électorales… Au total, plusieurs dizaines de milliers de fichiers sensibles se retrouvent entre les mains de Cozy Bear. L’exfiltration de ce trésor d’informations constitue un coup magistral qui ébranle la politique américaine quelques mois avant l’élection présidentielle de 2016.
Cette opération démontre une nouvelle fois l’étendue de l’expertise cybernétique de ce mystérieux collectif, capable de tromper la vigilance des cibles a priori les mieux protégées. Et ce pour assouvir les desseins géopolitiques de leur commanditaire présumé : le Kremlin.
Le message est clair : les hackers russes peuvent désormais peser sur le cours de la politique mondiale. Leur capacité de nuisance a atteint un niveau sans précédent. Qu’il s’agisse de fuites de documents confidentiels, de défiguration de sites web ou de propagation de fausses informations, leur boîte à outils numérique s’est dangereusement étoffée.

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L’opération Solarstorm : un chef-d'œuvre de cyberattaque signé Cozy Bear
Pour autant, les techniques d’infiltration de Cozy Bear ne cessent de se perfectionner au fil des années qui suivent. Le groupe privilégie les approches indirectes. En ciblant notamment les fournisseurs de services informatiques.
En 2020, cette stratégie d’infiltration indirecte permet à l’organisation de réaliser une cyberattaque dévastatrice. Selon les autorités américaines, les hackers parviennent à introduire subrepticement une porte dérobée dans Orion, un logiciel de supervision de réseaux informatiques développé par la société SolarWinds. Le cheval de Troie passe totalement inaperçu. Résultat : Plusieurs agences gouvernementales américaines ont vu leurs données confidentielles brutalement exposées.
Cette opération, connue sous le nom de Solorigate, marque un tournant dans les activités de ce groupe. Le ministère américain des Finances figure en effet parmi les victimes. Si l’étendue précise des dommages n’a pas été divulguée, le préjudice économique, et en termes d’images, doit être très élevé, selon les analystes.
En ciblant les chaînes d’approvisionnement logicielles, SolarStorm a exploité les failles introduites par la complexité croissante des architectures informatiques modernes. Ce type d’attaque souligne la nécessité pour les organisations visées de renforcer leurs défenses, non seulement sur leurs propres infrastructures, mais aussi chez leurs partenaires technologiques.
Audits de sécurité, formations du personnel, mises à jour constantes, surveillance active des réseaux, etc. Toutes ces actions doivent être mises en place aussi bien en interne que chez les sous-traitants et fournisseurs externes. Faute de quoi, les organisations les mieux protégées restent vulnérables par ricochet.
Pourquoi l’organisation Cozy Bear représente-t-elle une menace durable pour la sécurité internationale ?
Loin de marquer toutefois un ralentissement de ses activités après la retentissante cyberattaque Solorigate de 2020, Cozy Bear poursuit ses opérations de manière soutenue.
En 2021, c’est le Comité national républicain des États-Unis qui est à son tour victime d’une intrusion informatique. Bien que les détails techniques de cette attaque n’aient pas été divulgués par les autorités américaines, le niveau de complexité et de furtivité suggère que des vulnérabilités de type « zero-day » ont probablement été utilisées, conformément aux méthodes habituelles du groupe.
Pour rappel, les vulnérabilités zero-day (littéralement « jour zéro ») désignent des failles informatiques encore inconnues publiquement et pour lesquelles aucun correctif n’est disponible. Elles sont donc particulièrement convoitées par les hackers, car elles leur offrent la possibilité de s’introduire dans un système avant même que le fabricant ou l’éditeur n’ait eu le temps de corriger la brèche. L’exploitation de telles vulnérabilités requiert généralement des compétences techniques très poussées.
Trois ans plus tard, en 2024, c’est au tour de Microsoft de subir une cyberattaque majeure de la part du même groupe de hackers. Les pirates parviennent à infiltrer le réseau interne de l’entreprise et à accéder aux emails confidentiels échangés entre les cadres dirigeants.
Bien que l’entreprise ait rapidement colmaté les brèches, cette cyberattaque sonne comme un rappel brutal qu’aucune organisation n’est véritablement à l’abri face à la menace grandissante de telles intrusions.
Même les structures les mieux protégées, disposant de budgets colossaux alloués à la sécurité informatique et d’équipes d’experts dédiées, demeurent vulnérables face à des pirates informatiques ingénieux et déterminés à exploiter la moindre faille technique ou humaine.
Les nouveaux enjeux de la sécurité numérique soulevés par les attaques de l’organisation Fancy Bear
Les cyberattaques perpétrées par des groupes comme Fancy Bear mettent en lumière la vulnérabilité croissante des démocraties occidentales face aux risques numériques. Leur dépendance vis-à-vis d’internet et des nouvelles technologies offre des opportunités d’intrusion dans les systèmes les plus sensibles.
Ces groupes de hackers, souvent liés à des agences de renseignement étrangères, disposent de moyens sophistiqués pour exploiter les failles de sécurité informatique. Ils ciblent en priorité les infrastructures jugées névralgiques : administration, défense, énergie, transports, finances.
La protection de ces secteurs stratégiques est devenue un enjeu crucial pour la souveraineté et la stabilité des États. Elle nécessite des investissements massifs dans la cyberdéfense, la formation des personnels et la coopération internationale. Les démocraties doivent rapidement augmenter leur résilience face à cette menace grandissante d’un nouveau genre.