Malgré la brièveté de son existence, Legion of Doom a laissé son empreinte dans la sous-culture hacker. Le groupe se démarque pour ses partages de connaissances à travers le Legion of Doom Technical Journals. Ses membres les plus éminents étaient des hackers connus pour leurs techniques de piratage sophistiquées.
Les passionnés de comics reconnaissent sûrement ce nom : Legion of Doom. Il s’agit d’un groupe de super vilains, le plus puissant jamais connu, qui complotent pour conquérir le monde. Il était mené par Lex Luthor, le grand adversaire de Superman. Ce nom a largement dépassé le cadre de la fiction. Un groupe de hackers d’élite reprend le même nom et va laisser son empreinte dans l’univers de la cybersécurité. Fondé en 1984, le groupe est dirigé par Lex Luthor et d’autres noms célèbres comme The Mentor et The Knight Lightning.
Qui sont les membres de Legion of Doom ?
Au milieu des années 80, la cybersécurité n’était encore qu’à ses prémices. Les activités de piratage se multipliaient, les hackers étaient surtout motivés par le goût de l’aventure et la volonté de repousser les limites de la technologie. C’est dans ce contexte que la LOD (Legion of Doom) est née.
En 1984, un hacker prend le pseudonyme de Lex Luthor, à l’image du fondateur de Legion of Doom dans les comics. Le groupe est composé de jeunes curieux et désireux de maîtriser des systèmes complexes. Le groupe menait des attaques ciblées en exploitant la vulnérabilité des systèmes cibles. À l’époque, les réseaux téléphoniques constituaient la cible privilégiée des pirates informatiques.
Comme Anonymous, Legion of Doom ne possède pas une structure hiérarchique claire. Son fonctionnement est similaire à celui d’une association informelle qui réunit des personnes partageant le même objectif.
D’après les experts, le groupe comptait un nombre limité de membres, entre 15 et 20. Ils étaient minutieusement choisis pour leurs compétences.
Les plus connus d’entre eux sont :
- Lex Luthor, qui est également le fondateur
- Loyd Blankenship alias Le Mentor
- Mark Abene alias Phiber Optik
- Scott Chasin alias L’Urvile
- Ou encore Chris Goggans alias Erik Bloodaxe
Les membres, passionnés de comics, reprennent souvent les noms de personnages comme pseudonyme. Cela renforçait le côté dramatique et mystique du groupe.
Les principales activités de Legion of Doom
Néanmoins, Legion of Doom n’est pas un groupe comme les autres. Il se distingue par le partage de connaissances entre les membres. Si un hacker découvre une faille de sécurité ou développe une nouvelle technique, il le partage avec les autres membres du groupe à travers le LOD/H technical journal. Cette notion de partage a posé les bases de la culture hacker et la naissance de la communauté du hacking de l’époque.
Sachant la sélection minutieuse des membres, le LOD réunissait des hackers d’élite, capables de s’introduire dans les systèmes les plus complexes. À l’époque, il s’agissait surtout des systèmes téléphoniques. Ils trouvent des moyens de passer des appels gratuitement.
Legion of Doom a joué un rôle clé dans les premiers actes de piratage informatique. Le groupe infiltre les réseaux de ses cibles et met en avant les failles de sécurité. De même, il a contribué à populariser l’ingénierie sociale. Cette technique consiste à exploiter les failles humaines pour pénétrer un système. Leurs activités ont conscientisé les organisations sur la nécessité d’une sécurité informatique renforcée.
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Legion of Doom et la Grande Guerre des hackers
La Grande Guerre des hackers est sans doute le chapitre qui a précipité la fin de l’histoire de Legion of Doom. L’événement est unique en son genre, puisqu’il oppose deux groupes de hackers, Legion of Doom et Masters of Deception (MOD).
À l’époque, le LOD a subi des changements majeurs, son fondateur Lex Luthor n’était plus dans le paysage. Cette éthique des premiers hackers n’existait plus, les nouveaux membres étaient motivés par l’orgueil et l’appât du gain. C’est dans ce contexte que des membres de la première heure quittent le groupe, à l’instar de Phiber Optik, alias Mark Abene en 1989. Celui-ci crée alors Masters of Deception, basé à New York.
Trois évènements majeurs vont déclencher cette guerre entre les deux groupes :
- La fermeture du forum « Cinquième Amendement » qui réunissait des hackers d’élite du monde entier. Il s’agissait d’une plateforme de partage administrée par les membres du LOD, à savoir Erik Bloodaxe (Chris Goggans). Un membre du MOD a découvert que les hackers du LOD exploitent les informations partagées sur le forum pour créer leur propre société de sécurité informatique. Ce hacker, Corrupt (John Lee) a donc piraté le forum.
- Les membres du MOD ont rendu la vie dure à Erik Bloodaxe. Lors d’un pourparler entre les deux groupes, le leader du LOD a émis des insultes racistes envers les hackers du MOD, dont certains étaient des afroaméricains, notamment Corrupt.
- La dénonciation des membres du MOD par Bloodaxe au FBI. Cela a précipité l’arrestation de plusieurs hackers du MOD à l’instar de Corrup et Phiber Optik.
Les membres du LOD n’ont pas connu un meilleur sort. Les autorités fédérales s’intéressaient déjà à eux depuis plusieurs mois. Cette guerre a accéléré leur arrestation.
Fin et héritage de Legion of Doom
Certains considéraient les multiples arrestations des membres de Legion of Doom comme un signe. La plupart d’entre eux ont décidé de mener une vie discrète après cet évènement. D’autres se sont lancé dans la sécurité informatique à l’instar de Mark Abene, alias Phiber Optik.
Après sa sortie de prison, le hacker devient consultant dans plusieurs articles parus dans le Washington Post ou le New York Times. Érigé en héros dans la culture du hacking, il participe également à plusieurs conférences des hackers et intervient dans les universités américaines. Il a également mené une brève carrière d’acteur dans le film « The Inside Man ».
De son côté, Erik Bloodaxe (Chris Goggans) n’a jamais été arrêté malgré la perquisition de son domicile par les autorités en 1990. Il mène aujourd’hui une vie d’entrepreneur dans le secteur de la cybersécurité. Il participe également à plusieurs conférences dans le domaine.
Dans tous les cas, les activités des membres du LOD ont enflammé les débats sur l’éthique du piratage informatique. Les explorations des systèmes de télécommunication sans créer des dommages sont-elles illégales ?
Au-delà de leur contribution dans la sensibilisation à la cybersécurité, le groupe est aussi devenu une référence dans la culture du hacking.
