Le rapport du cabinet Frost & Sullivan révèle que 80% des salariés ont déjà recouru à une solution informatique sans l’accord de leur département informatique. Le Shadow IT prend de l’ampleur à cause de l’essor du télétravail et de l’intégration progressive des solutions cloud.
Le taux d’adoption des services basés sur le cloud est en constante augmentation. Selon Flexera, 94% des entreprises utilisent au moins un de ces services. La situation soulève pourtant un nouveau problème chez les responsables informatiques : le shadow IT.
Le terme « shadow IT » qui se traduit par informatique fantôme en français fait référence à l’utilisation de logiciels et d’applications sans l’aval du service informatique. Cela signifie que les outils échappent au contrôle du service. Les statistiques révèlent que 50% des applications cloud ont été achetées par les employés. Bien que ces derniers prennent ce type d’initiative dans le cadre de leur travail, ils exposent leur entreprise à des failles de sécurité.
Qu’est-ce que le Shadow IT ?
Les efforts de transition numérique des entreprises ont contribué à l’augmentation des pratiques Shadow IT. Une étude menée par Everest Group a démontré que plus de la moitié des dépenses informatiques s’effectuent dans l’ombre.
Le Shadow IT désigne l’utilisation d’un service ou d’un matériel sans l’accord du service informatique. Les utilisateurs se servent d’un service cloud, d’un logiciel open source ou encore d’un matériel informatique.
Le téléchargement des applications sans autorisation représente la principale menace pour les entreprises. Les salariés trouvent facilement des applications sur internet et les téléchargent pour faciliter leur travail.
Le Shadow IT est un phénomène récent qui présente autant d’avantages que de risques. Les collaborateurs trouvent des outils qui améliorent leur productivité. Malheureusement, la productivité ne rime pas toujours avec la sécurité.
Cette pratique peut se manifester à travers deux types d’action :
- l’utilisation d’un logiciel non autorisé par le service informatique pour manipuler des données de l’entreprise. Si Microsoft 365 est l’outil habituellement utilisé pour partager et ouvrir des fichiers, le salarié se sert de Google Workspace.
- l’utilisation détournée d’un outil approuvé par le service informatique. Prenons le même exemple, le salarié utilise Microsoft 365, mais il se sert d’un compte qui n’est pas pris en charge par l’entreprise.
Quelques exemples de l’utilisation de Shadow IT
Les actes qui engendrent du Shadow IT sont motivés par l’esprit collaboratif, la fluidité de la communication ou l’amélioration de la productivité.
Gain de productivité
Le salarié utilise des applications pour améliorer son organisation de travail, suivre ses rendez-vous, etc. Il télécharge alors des outils comme Trello ou Asana. Pour rédiger rapidement et correctement ses mails, il corrige ses textes sur des plateformes comme Grammarly.
Esprit collaboratif
Lorsque le travail exige l’échange de fichiers volumineux, l’envoi par e-mail n’est plus approprié. Les équipes se tournent vers des solutions en ligne comme Dropbox, WeTransfer ou encore OneDrive. Au-delà de l’envoi de documents, d’autres outils favorisent le travail d’équipe. La suite Google en est le meilleur exemple. Les collaborateurs reçoivent des notifications en temps réel, ils échangent des informations à travers les groupes de discussion rapidement.
La fluidité de la communication
L’essor du télétravail exige la fluidité de la communication plus que jamais. Les collaborateurs ont le choix entre plusieurs applications, certaines sont spécialisées dans la visioconférence à l’instar de Zoom ou Webex. D’autres améliorent les échanges comme Slack.
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Pourquoi le Shadow IT est-il devenu une pratique courante ?
Le Shadow IT peut prendre différentes formes selon les motivations des collaborateurs au sein d’une entreprise.
L’essor des services cloud
Le phénomène prend de l’ampleur à cause du développement rapide des logiciels Saas et les services sur le cloud. Ces outils ne requièrent aucune installation. Les statistiques révèlent que 85% des achats d’applications basés sur le cloud sont réalisés par des collaborateurs non informatiques. Ces derniers n’ont pas le feu vert de l’équipe informatique pour réaliser cet achat.
L’équipe informatique en sous-effectif
L’équipe informatique est souvent en sous-effectif au sein des entreprises. Cela amène les salariés à prendre des initiatives sans l’aval des experts informatiques. D’après une étude réalisée par Everest Group, seulement 50% des dépenses sur le cloud proviennent du service informatique. Cela signifie que l’autre moitié est attribuée aux collaborateurs cherchant à améliorer leur efficacité et leur productivité.
Des salariés qui ne sont pas conscients des risques
Ils ne contournent pas les règles mises en place par le département informatique pour nuire à l’entreprise. Malgré les avantages évidents du Shadow IT, les salariés ne réalisent pas les risques de leurs actes. Prenons l’exemple d’une plateforme de traduction en ligne, le collaborateur y copie un mail très sensible en anglais pour le traduire en français. Cet acte qui semble anodin en apparence compromet pourtant les données de l’entreprise. Cela peut même mener à une violation des données.
De leur côté, les entreprises ne prennent pas en compte le Shadow IT pendant leur audit sécurité. D’après le NCSC (national computer security center), plus de 60% des organisations ne tiennent pas compte du Shadow IT durant l’analyse des menaces informatiques.
Des salariés qui ne voient que les avantages
Au moment de l’utilisation, les salariés se concentrent sur les avantages immédiats que les outils leur procurent : gain de temps, gain de productivité, etc. En effet, les logiciels approuvés par le département informatique ne sont pas toujours les plus performants. Cela incite les employés à chercher des outils plus pratiques. D’après The Cloud Security Alliance, seulement 8% des entreprises sondées ont connaissance des applications cloud qu’elles ne gèrent pas.
Le shadow IT à des fins malveillantes
La motivation des salariés à recourir au shadow IT est souvent inoffensive. Néanmoins, l’organisation n’est pas à l’abri d’un employé mal intentionné cherchant à voler des données. Il se sert d’un outil non géré pour introduire des malwares dans le réseau de l’organisation.
Comment identifier le shadow IT au sein d’une organisation ?
D’après le rapport d’Allied Market Research, la taille du marché du cloud computing sera de 1,25 milliard de dollars d’ici 2028. Cela signifie une augmentation de l’adoption des solutions cloud au sein des entreprises. La situation amène à une exacerbation du Shadow IT. Pour y faire face, l’équipe informatique doit mettre en place plusieurs mesures de détection de la pratique.
Réaliser un inventaire complet des applications utilisées par l’entreprise
Cet inventaire permet d’identifier toutes les applications et logiciels que les collaborateurs utilisent. Les applications doivent ensuite figurer dans une plateforme de gestion des actifs logiciels (SAM). Chaque application identifiée doit présenter les détails comme son responsable, son coût, sa date de renouvellement, son nombre de licences, etc.
Ces informations permettent à l’équipe informatique de prendre les devants lorsque la licence expire par exemple. L’utilisateur n’est pas ainsi livré à lui-même et tenté de trouver une autre solution.
Pour identifier les solutions non gérées, une enquête auprès des employés est indispensable. Il est à noter que cet inventaire complet est chronophage, notamment au sein d’une grande entreprise.
Évaluer les risques des applications
Les applications identifiées font ensuite l’objet d’une évaluation des risques. L’évaluation s’intéresse à trois principaux points :
- conformité réglementaire : l’outil respecte-t-il les normes en vigueur ? Pour le savoir, une étude des certificats de conformité du fournisseur est nécessaire : RGPD, SOX, CCPA, etc.
- sécurité des données : les certificats de sécurité du fournisseur donnent déjà des indices sur ce point. Par ailleurs, une analyse des mesures techniques que ce dernier applique est aussi nécessaire.
- risques commerciaux : pour garantir une utilisation pérenne de la solution, une évaluation de la fiabilité et de la solidité du fournisseur s’impose. Ce dernier est-il capable d’apporter une valeur durable à l’entreprise ? S’agit-il d’une start-up qui risque de disparaître au bout de quelques mois ?
Analyser la pertinence de l’utilisation des applications
L’objectif de cette étape consiste à identifier les applications sous-exploitées. Pour cela, il faut :
- se concentrer sur les solutions les plus onéreuses du portefeuille d’applications. Leur utilisation est-elle suffisamment rentable ?
- identifier la fréquence d’utilisation de chaque application pour mettre en lumière celles qui sont inactives et sous-exploitées.
classer les applications en plusieurs catégories en fonction de leur fréquence d’utilisation. Il faut ensuite comparer leur usage pour éliminer les doublons. Prenons l’exemple d’un logiciel de traduction et un autre de correction de l’orthographe. Le premier intègre également un correcteur. L’équipe informatique peut remettre en cause la pertinence du second dans ce cas.
Trier les applications pour se séparer des non essentielles
Les informations récoltées au cours des trois premières étapes mettent en lumière les besoins des collaborateurs et les applications qui y répondent le mieux. Cette dernière étape consiste à retirer définitivement les logiciels inutilisés. Pour cela, il faut classer les applications en plusieurs catégories : essentielles, sous-exploitées, redondantes, non essentielles.
Assurer un renouvellement et une surveillance continue
Les quatre premières étapes ne suffisent pas à contenir le shadow IT. Les collaborateurs éprouvent de nouveaux besoins chaque jour. L’entreprise a donc tout intérêt à mettre en place une politique d’acquisition et renouvellement sérieuse. Cette politique contribue à une utilisation rationalisée et une consommation contrôlée.
Une surveillance automatisée est plus pratique pour identifier les mises à jour des logiciels, les applications non gérées, les transmissions de données internes à des fournisseurs non vérifiés.