Génie de l’informatique, activiste qui prône la liberté d’information, Aaron Swartz a marqué le paysage de la cybersécurité par ses engagements. Après son suicide à l’âge de 26 ans, sa mémoire est toujours célébrée grâce à la journée Aaron Swartz qui a lieu à sa date d’anniversaire.
Aaron Swartz est un programmeur informatique, cyberactiviste, entrepreneur, mais aussi écrivain américain. Parmi ses nombreuses réalisations, on retrouve le développement du flux web RSS. Il est également le cofondateur de la plateforme sociale Reddit, dont la vente l’a rendu millionnaire. Souvent érigé en martyr après sa mort, Aaron Swartz a milité toute sa vie pour la liberté d’information sur internet. Retour sur l’histoire tragique d’un homme, considéré comme un héros d’internet.
Aaron Swartz, un prodige de la technologie
Né dans une famille juive de Highland Park à Chicago, Swartz se passionne pour l’informatique dès son plus jeune âge. A 12 ans, il montrait déjà son intérêt pour l’information et le partage de contenus éducatifs en créant The Info Network. Cela lui a même valu un prix ArsDigita.
À 14 ans, il a fait partie des développeurs qui ont rédigé la spécification de syndication web RSS. Puis, à l’âge de 19 ans, il participe à la programmation du site Reddit, qui fera de lui un millionnaire après sa vente. À seulement 24 ans, Aaron Swartz est chercheur à Harvard, il étudie la corruption politique. Avide de connaissances, il dévorait les livres à un rythme impressionnant.
Affaire JSTOR: quand l’activisme se transforme en piratage
Avant même d’être un activiste, Aaron Swartz contribue à son échelle au partage de l’information à travers Wikipédia à partir de 2003. Il a fourni un fastidieux travail d’analyse de la rédaction des articles sur l’encyclopédie en ligne.
Aaron Swartz montre un intérêt pour l’activisme après la vente de Reddit. En 2008, il crée le site watchdog.net qui dénonce certaines pratiques du gouvernement. Il y publie régulièrement des manifestes prônant le libre accès à l’information. En 2010, il a déposé une demande pour plus de transparence dans le traitement de l’affaire Chelsea Manning.
Le FBI s’intéresse à son cas à la suite de la divulgation de 2,7 millions de documents judiciaires fédéraux dans la base PACER. Bien que ces documents soient publics, l’accès est payant. En effet, PACER facture une page pour huit cents. À l’époque, l’affaire a été classée sans suite par le FBI.
En 2010, Aaron Swartz crée également Demand Progress, un groupe qui met en contact les internautes directement avec le Congrès et d’autres.
La même année, il pirate le site web de JSTOR en l’inondant de requêtes de téléchargement de PDF à partir des IP du réseau du MIT. Cela conduit à son arrestation en 2011 par les services secrets pour deux chefs d’accusation : effraction avec intention de commettre un crime. Le grand jury fédéral l’inculpe ensuite pour fraude informatique et obtention illégale de documents à travers 13 chefs d’accusation.
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Un acharnement judiciaire : le destin tragique d’Aaron Swartz
En 2011, Swartz est inculpé de plusieurs chefs d’accusation pour le téléchargement illégal des millions d’articles universitaires. À l’époque, personne ne savait ce qu’il allait faire de tous ces documents. Connaissant son attachement à la liberté d’information, il les aurait sûrement partagés sur internet. Dans tous les cas, il ne s’attendait pas à ce que son acte suscite autant la ferveur des autorités judiciaires.
Rappelons d’abord le contexte. Les États-Unis digèrent à peine l’affaire WikiLeaks. De puissantes organisations font face à des piratages informatiques régulièrement. Elles peinent à contrer la menace que représentent ces hackers.
C’est dans ce contexte que la procureure en charge de l’affaire, Carmen Ortiz, se montre inflexible. Selon elle, que ce soit avec une commande informatique ou une arme, cela reste un vol. Pourtant, le piratage d’Aaron Swartz n’a pas fait de victimes, il n’en a pas tiré de profit. La victime du piratage, JSTOR, n’a pas porté plainte puisque l’instigateur a rendu tous les articles.
Malgré cela, la procureure est décidée à faire du jeune homme un exemple. Elle refuse formellement tout accord qui aurait permis à Aaron Swartz d’échapper à la prison, en janvier 2013. C’est la nouvelle de trop pour lui. Deux jours après cela, il se donne la mort dans son appartement à Brooklyn sans laisser de lettre de suicide.
Sa fiancée a dénoncé des poursuites injustes après sa mort. Selon elle, la justice a mis une pression insoutenable sur Swartz.
Mort et héritage d’Aaron Swartz
Le suicide de Swartz suscite l’indignation dans la communauté de hackers et autres utilisateurs d’internet. Il était considéré comme un héros qui incarne la liberté sur internet. Malgré ses compétences technologiques, il n’en a pas profité pour voler les autres ou faire carrière dans la Silicon Valley. Au contraire, il les a utilisés pour améliorer la vie des autres.
Les jours suivant sa mort, un site internet a été créé à sa mémoire. Il a reçu des hommages provenant d’internautes du monde entier. La plupart saluent l’immense travail qu’il a accompli et ses engagements altruistes en faveur de la démocratie.
D’ailleurs, ses choix professionnels ont toujours été en accord avec ses convictions. En 2009 par exemple, il a fait un stage aux bureaux d’un membre du congrès, le démocrate Alan Grayson. Pour lui, c’était une occasion de comprendre le fonctionnement de l’Etat. Il a fait partie de l’équipe qui a travaillé sur la réforme historique du système de santé initiée par Obama. Fervent activiste, il a participé à la convention nationale démocrate en 2010.
Le journaliste et politicien Matt Stoller salue son choix. Selon lui, il est rare qu’un millionnaire ayant fait fortune dans la tech fasse un stage dans un bureau du Congrès. Pour lui, Swartz était un technocrate qui avait une grande ouverture d’esprit et assoiffé de savoir.
Des années après sa mort, la fondation EFF (electronic frontier foundation) a dédié le 8 novembre à la célébration de sa vie et ses combats. La journée Aaron Swartz a lieu le jour de son anniversaire, le 8 novembre.
