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L’histoire de Gary McKinnon : le hacker autiste

Gary McKinnon est un pirate Écossais né à Glasgow en 1966. En 2002, un procureur américain l’inculpe de sept chefs d’accusation suite au piratage informatique des ordinateurs de la NASA. S’ensuit alors des années de longues batailles juridiques pour annuler son extradition vers les États-Unis. Le cas de l’écossais a retenu l’attention, notamment à cause du syndrome d’Asperger dont il est atteint.

Le nom de Gary McKinnon résonne dans la presse comme celui du hacker qui a commis « le plus grand piratage informatique de tous les temps ». Cet écossais manifeste un intérêt pour les ordinateurs dès l’âge de 14 ans. En 2001, il va pirater les ordinateurs de la NASA et d’autres agences gouvernementales américaines lui valant une demande d’extradition vers les États-Unis. Son histoire a tellement marqué les actualités qu’elle va faire l’objet d’une adaptation au cinéma à la demande de la BBC. Le film se base sur les récits de sa mère, Janis Sharp, dans le livre « Saving Gary McKinnon : a mother’s story ».

L’histoire de Gary McKinnon – le hacker autiste
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Piratage de la NASA et d’autres agences gouvernementales américaines

Alors que les attentats du 11 septembre sont toujours ancrés dans la mémoire des américains, l’armée américaine voit un message sur l’un de ses ordinateurs. Le message « Votre système de sécurité est nul. Je suis Solo. Je continuerai à perturber le système au plus haut niveau » les tient en alerte.

Une enquête est ouverte et révèle que l’intru s’est introduit dans des milliers de machines gouvernementales. Entre février 2001 et mars 2002, le hacker dénommé Solo a piraté les ordinateurs de la NASA, de l’armée de l’air ou encore du ministère de la Défense. Pendant douze mois, il a pu voler des fichiers et copier des mots de passe. Le hacker a même mis près de 2 000 ordinateurs de l’armée hors service durant des jours.

Pour le procureur chargé de l’affaire, McNulty, il s’agit du « plus grand piratage informatique militaire de tous les temps ».

Les autorités américaines partent à la chasse de Solo et découvrent rapidement sa trace à Londres. En mars 2002, la National Hi-Tech Crime Unit arrête le coupable. Il s’agit d’un jeune écossais de 36 ans prénommé Gary McKinnon.

Gary McKinnon et son obsession des OVNI

Si les hackers sont généralement motivés par la manne financière, la célébrité ou le goût du risque, il n’en est rien de tout cela pour McKinnon. Ce dernier était obsédé par les OVNI, convaincu que les États-Unis cachaient des informations sur une technologie extraterrestre très avancée. L’objectif de son piratage était de trouver ces informations pour faire profiter le reste de l’humanité.

À son arrestation, il a déclaré qu’il venait juste de télécharger des informations compromettantes lorsque la police l’a interpellé. Les États-Unis n’ont pas pris à la légère l’extravagance de son acte. Ils demandent au Royaume-Uni de l’extrader en vertu d’un traité entre les deux pays.

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La défense de Gary McKinnon plaide le syndrome d’Asperger

Toujours dans le viseur des autorités américaines, Gary McKinnon passait régulièrement à la télévision britannique suite à la campagne lancée par sa mère. Une téléspectatrice va alors remarquer des signes du syndrome d’Asperger chez lui. Ce constat va l’amener à faire un examen psychiatrique. Celui-ci est mené par un expert de renommée mondiale, à savoir Simon Baron-Cohen, de l’université de Cambridge.

Ce directeur du Centre de recherche sur l’autisme avait établi un lien entre le syndrome d’Asperger et l’ingénierie. D’après les recherches de Baron-Cohen, plus de la moitié des personnes atteintes du syndrome d’Asperger développent une fascination pour l’espace, la physique et la technologie. Dans le cas de McKinnon, il n’est donc pas étonnant que le jeune homme soit doué en informatique.

Lorsque le diagnostic est posé, Sharp fait le rapprochement avec les comportements de Gary McKinnon pendant son enfance : son obsession pour les OVNI, son inadaptation sociale, sa peur de voyager, etc. D’après Sharp, cette nouvelle fut un soulagement pour Gary. Le diagnostic avait donné des explications à son comportement.

La nouvelle se répand rapidement dans les médias. Gary McKinnon devient une icône du syndrome d’Asperger. Le monde entier s’émeut de sa demande d’extradition. Des célébrités comme Sting ont même déclaré que cela va à l’encontre des droits de l’homme d’emprisonner un homme aussi vulnérable. Son avocate, Karen Todner, affirme que le diagnostic n’excuse pas ses actes, il explique néanmoins certaines de ses actions.

L’affaire Gary McKinnon devient une affaire d’Etat. Au Parlement britannique, des voies se lèvent en sa faveur, à l’instar d’Andrew MacKinlay. Ce dernier estimait que le gouvernement britannique ne faisait pas assez pour bloquer la demande d’extradition. Ce diagnostic n’a pourtant pas freiné les ardeurs des Américains. Le ministère de la Justice maintient les accusations à l’encontre de Gary McKinnon.

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Le débat autour du syndrome d’Asperger

Sur internet, les opinions sont partagées. Certains estiment que les actes de McKinnon sont illégaux, peu importe son syndrome d’Asperger. Un blogueur atteint du même syndrome accuse le hacker de se servir du syndrome comme « bouc émissaire » de ses actes de piratages illégaux. Il déclare sur son site que c’est « offensant » pour les autres personnes dans le même état que lui.

Alors que l’affaire McKinnon est toujours en cours, plusieurs cas de piratages informatiques s’emparent du syndrome d’Asperger comme ligne de défense. Aux États-Unis, un hacker d’origine russe a vu sa peine réduite suite au diagnostic de son autisme en 2009. Celui-ci s’est introduit illégalement dans les serveurs d’une entreprise de transport californien.

Une autre affaire en 2008 concerne un programmeur informatique. Hans Reiser est reconnu coupable pour le meurtre de sa femme. Diagnostiqué atteint du syndrome d’Asperger, ses avocats s’en servent dans leur plaidoirie.

Dans le cas Lisa Brown, coupable du meurtre de sa femme, la défense avance également l’argument du syndrome d’Asperger. Cette dernière écope néanmoins de la perpétuité.

Avec le cas McKinnon, cette forme d’autisme retient soudainement l’attention. Relativement nouveau, le syndrome d’Asperger a été ajouté au manuel du diagnostic de l’OMS à partir de 1992. Le système éducatif et médical sont encore peu sensibilisés. Pourtant, une plus forte sensibilisation pourrait diminuer la cybercriminalité sachant les aptitudes des personnes atteintes en informatique.  

La demande d’extradition de Gary McKinnon vers les États-Unis

Les autorités britanniques interrogent McKinnon pour la première fois en 2002, à la demande des États-Unis. Quelques mois plus tard, le grand jury fédéral de Virginie l’inculpe de sept chefs d’accusation. Chacun d’entre eux l’expose à une peine de 10 ans.

McKinnon reste néanmoins en liberté jusqu’en 2005 à condition de respecter les clauses de sa mise en liberté sous caution. En 2003, le Royaume-Uni promulgue pourtant la loi sur l’extradition avec les États-Unis. Pour Gary, il s’agit d’une mauvaise nouvelle puisqu’il risque 70 ans dans une prison américaine.

La Chambre des Lords valide l’extradition malgré les arguments des avocats de McKinnon. Il a saisi un temps la Cour Européenne des droits de l’homme. Ce recours lui a permis de suspendre brièvement son extradition.

L’affaire a fait écho jusqu’au plus haut niveau du gouvernement britannique. L’ancien premier ministre Gordon Brown échoue dans une négociation avec les américains.

L’affaire prend une nouvelle tournure en 2012 lorsque Theresa May, alors ministre de l’Intérieur, intervient. D’après la mère de McKinnon, elle était la seule voix qui s’élevait contre les Américains. Dans une conférence de presse, May a déclaré qu’une extradition présentait « un risque si élevé que Gary McKinnon mette fin à ses jours ». Keir Starmer, procureur général, reprend l’affaire et tranche en faveur du hacker.